Comité Anti-Amiante Jussieu: tract (25/03/96)

AMIANTE : LES PREMIÈRES DÉCISIONS !

Comité Anti-Amiante Jussieu
25 mars 1996

Le ministère de l'éducation vient, pour la première fois, de confirmer par écrit la décision de désamianter la totalité du site Jussieu. En réponse à la lettre que nous avons envoyée à F. Bayrou le 12 mars et qui fixait un ultimatum au 2 avril, le directeur de Cabinet du Ministre de l'Éducation nous écrit le 21 mars:

«J'ai moi-même personnellement confirmé aux présidents des universités installées sur le campus la décision prise de désamianter la totalité du site Jussieu. Les travaux prévoient également la mise en sécurité incendie et la mise en conformité des circuits électriques. La maîtrise d'ouvrage de l'ensemble de ces opérations relèvera de l'État, du fait de la dimension des chantiers. Au ministère, des crédits sont d'ores et déjà affectés spécialement à ces travaux.
Dans le numéro de la semaine prochaine du Journal Officiel des Communautés Européennes ainsi que dans le Bulletin Officiel des Marchés Publics va paraître l'appel d'offre pour ordonnancement, pilotage, coordination (OPC) pour la programmation et le pilotage de l'opération de désamiantage du campus de Jussieu.
En outre, je vous signale que les présidents des universités viennent d'être invités à libérer des terrains du campus pour accueillir des locaux provisoires destinés à abriter les activités qui ne pourront pas avoir lieu dans les salles en cours de désamiantage.»

Cette première victoire est le fruit de l'action énergique menée ces dernières semaines. Nous devons continuer pour obtenir un engagement sur un calendrier et un plan de financement précis.

Pour obtenir un calendrier des travaux le plus court possible,

MANIFESTATION MARDI 26 MARS

DEPART : PARVIS JUSSIEU 14h30
ASSEMBLEE GENERALE : AMPHI 44 à 13h


L'ACTION MENÉE PAR LE COMITÉ ANTI-AMIANTE.

Depuis sa création, il y a un an et demi, le Comité Anti Amiante Jussieu a toujours privilégié le travail de fond et la concertation. Plutôt que de chercher à condamner les errements passés de certains responsables, nous nous sommes attachés à convaincre tout le monde de rechercher les solutions les meilleures pour le présent et le futur, avec le seul souci d'éviter que des personnes soient plus longtemps mises en danger. Ce fut notre attitude sur le campus comme au plan national, où nous avons activement participé à l'élaboration de la réglementation, par des propositions concrètes dont un grand nombre ont été retenues.
Mais deux mois après la remise du rapport, nous nous sommes heurtés à une évidente volonté de faire traîner au maximum les décisions. Face aux tergiversations et aux manoeuvres à tous les niveaux, les arguments raisonnables ne suffisaient manifestement plus. Il était donc nécessaire de taper du poing sur la table et de mettre tous les responsables face à leurs responsabilités. C'est ainsi que nous avons décidé, début février, de fixer une date butoir pour les décisions de travaux, accompagnée de menaces claires et précises, pour le cas où les décisions ne seraient pas prises:

Nous avons proposé à la mi-février à tous les syndicats de participer à cette action. Il s'en est suivi des discussions intenses, où chacun a dû clarifier ses positions. Les projets arrivèrent aux oreilles des responsables et une agitation exceptionnelle gagna les centres de décision, confinant quelquefois à la panique. Nous avions touché un point sensible: la position de responsable n'est pas seulement honorifique ! Le 11 mars, nous sommes passés à l'action avec plusieurs syndicats du campus : nous avons adressé un ultimatum au ministre et demandé aux présidents de faire procéder à la fermeture du campus à partir du 2 avril 1996, dans le cas où les décisions de travaux ne seraient pas prises.

CE QUE NOUS AVONS OBTENU.

L'action menée a permis de débloquer la situation et contraint les responsables, tant au niveau du ministère qu'à celui des universités, à prendre des décisions. En quelques jours, le ministère a:

Les universités ne furent pas en reste, et des décisions en souffrance depuis des mois furent prises:

Cette avalanche de décisions ne doit cependant pas faire illusion.
Le risque, c'est que le ministère fasse traîner le chantier pendant des années et c'est pourquoi il faut obtenir un calendrier précis. Bien des pièges sont encore sur notre chemin, à commencer par les grandes manoeuvres autour de l'opération de désamiantage: ceux qui ne se sont jamais préoccupé d'amiante auparavant sont soudain pris d'une agitation fébrile.

LES PROJETS DE DÉMÉNAGEMENT.

Dans une lettre du 19 mars, le président de l'Université Paris 7 confirme qu'il «défend personnellement» le projet de déménagement de l'université et affirme que ce projet n'a été conçu que dans le cadre du désamiantage du campus et que «son intérêt premier est de faciliter et d'accélérer la réalisation du chantier». Cet argument ne tient pas: ce projet ne peut en aucun cas accélérer le désamiantage du campus. Pour construire une nouvelle université il faudrait au moins 5 ans, et l'hypothèse envisagée de construire cette université autour d'un bâtiment existant dont la surface correspondrait aux locaux tampons nécessaires, i.e. environ 30 000m2 , ne change pas fondamentalement les données du problème. Acheter un bâtiment de cette taille et le rénover pour qu'il puisse servir pour une université prendrait déjà environ 3 ans (il faut en effet ne pas oublier les temps incompressibles des procédures administratives). Quant à savoir, qui accepterait de déménager (définitivement) dans un tel bâtiment, sans être sûr que l'université sera bien construite autour, la question est ouverte.
Nous maintenons qu' il faut absolument séparer déménagement et désamiantage. Quant au projet de déménagement, il doit être discuté pour ce qu'il est, et non sous couvert de désamiantage. Il est quand-même stupéfiant, que des présidents d'université aient pu proposer, dans le secret, au ministère, en utilisant le prétexte du désamiantage, le démantèlement du plus grand campus scientifique de France, sans aucune discussion avec les intéressés: personnels, laboratoires, UFR, etc. Ce projet pose d'énormes problèmes, dont la solution n'a même pas été envisagée: bibliothèques communes, équipements communs, laboratoires communs, etc. Il comporte aussi de nombreux risques. Un déménagement avant que la nouvelle construction soit terminée, pourrait conduire à un éclatement de Paris 7. Quant aux locaux libérés par Paris 7 sur le campus, Le ministère exclut qu'ils reviennent à Paris 6 : ils seraient dans ce cas utilisés par les autres universités parisiennes qui manquent cruellement de locaux.

LES SOLUTIONS RAISONNABLES.

Il y a bien d'autres solutions au désamiantage que le démantèlement du campus. Nous avons demandé au ministère d' étudier toutes les solutions techniques sans a priori, en particulier une solution mixte, mêlant sur le campus locaux provisoires et construction. Dans un premier temps on utiliserait des locaux provisoires installés sur le campus pour traiter les parties ne comportant pas d'installations complexes (il est en effet plus simple d'utiliser pendant 3 mois des locaux provisoires sur le site que de déménager dans des locaux en dur ailleurs dans Paris). Parallèlement, on construirait les "barres" manquantes du campus, qui serviraient dans un deuxième temps pour le désamiantage des parties comportant des installations complexes. Le ministère nous a indiqué que c'était l'une des solutions qu'il étudiait actuellement.
Ce qui importe, c'est que toutes les solutions fassent d'abord l'objet d'études techniques sérieuses: coût, durée et impact sur le fonctionnement des universités et que ces études soient rendues publiques. Ce n'est que sur cette base qu'il peut y avoir une décision objective, au delà des manoeuvres diverses.