VINGT ANS DÉJÀ !
Cela fait 20 ans que le problème de l'amiante se pose à
Jussieu. Vingt années durant lesquelles pratiquement rien n'a
été fait pour le résoudre et où, en toute
connaissance de cause, des personnes ont été mises en
danger. Un danger qui ne fait que s'accroître à mesure
que les flocages se dégradent.
On aurait pu penser que cette fois les responsables à tous les
niveaux avaient pris la mesure du problème et compris ce que
responsabilité voulait dire. Force est de constater qu'il n'en
n'est rien et l'on continue à tergiverser plutôt que de prendre
les décisions qui s'imposent.
Jusqu'à présent, nous avons cherché à
négocier des solutions en attendant le retrait de l'amiante :
nous avons participé à l'élaboration de mesures
de sécurité élémentaires provisoires, et
attendu la remise d'un rapport d'expertise sur le problème de
l'amiante à Jussieu.
Cela fait plus de trois mois que ce rapport a été
remis : il préconisait le retrait total de l'amiante de
Jussieu, dans les délais les plus brefs, compte-tenu de
l'état de dégradation avancée des flocages et
des travaux d'urgence en attendant ce retrait.
UNE VOLONTÉ MANIFESTE DE FAIRE TRAINER :
Depuis, nous avons certes reçu des assurances verbales du
Ministère de l'Education concernant la volonté politique
de désamianter Jussieu. Le 16 février dernier, le
recteur demandait, dans une lettre adressée aux
présidents des deux universités et au directeur de
l'IPGP, un inventaire de l'occupation des locaux, << pour mettre
en oeuvre la décision de désamiantage
général du campus Jussieu >>.
Mais, ces assurances ne se traduisent pas concrètement :
à ce jour, aucun engagement financier n'a été
pris pour l'opération de retrait de l'amiante, aucun calendrier
des travaux n'est encore prévu, aucune étude
sérieuse n'a été menée pour
résoudre de façon réaliste et rapide, le problème
des locaux provisoires, nécessaires au désamiantage du
campus.
Des sommes dérisoires ont été
débloquées : 2 millions de francs ont été
dégagés pour désamianter les locaux du Groupe de
Physique des Solides, inondés en juin dernier et dont le
financement avait été de toute façon
décidé par les universités ; 2 millions de francs
sont prévus pour les travaux provisoires d'urgence, ce qui
correspond à moins d'un tiers de la somme
nécessaire. Etant donné que 880 millions de francs sont
estimés nécessaires au désamiantage du campus, au
rythme où le ministère débourse les
crédits, il faudrait 75 ans pour désamianter
Jussieu.
UN PRÉTEXTE OFFERT AU MINISTÈRE :
Ministère, rectorat et universités se renvoient la balle
: les universités attendent les décisions du
ministère pour lancer l'appel d'offre ; pour prendre ces
décisions, ministère et rectorat attendent des
propositions concrètes des universités concernant les
locaux provisoires.
Le président de Paris 7, en proposant la construction d'une
nouvelle université (ce projet n'a été
discuté ni par les personnels, ni par les UFR et les
laboratoires, ni par les conseils de l'université, qui n'ont
pas été informés de son contenu), a offert au
Ministère une occasion de retarder les décisions
concernant le retrait de l'amiante, occasion qu'il s'est
empressé de saisir. Réfléchir à des
projets grandioses serait-il plus motivant pour les responsables que
résoudre des problèmes concrets de
sécurité ?
Construire une nouvelle université demande du temps ; le
désamiantage de Jussieu n'a que trop tardé. Nous ne
pouvons tolérer plus longtemps que les autorités jouent
avec la vie des personnels et des usagers du campus. Il nous faut
rétablir l'ordre des priorités et obtenir que le retrait
de l'amiante se fasse sans délai supplémentaire.
LA SITUATION ACTUELLE EST INTENABLE
La situation actuelle ne peut plus se prolonger : Les consignes de
sécurité minimales, qui ont enfin pu être mises en place
grâce à notre action, ne sont pas complètement
appliquées en pratique et nombre de gens sont encore conduits
à prendre et à faire prendre des risques inacceptables
pour assurer le fonctionnement des universités.
En effet, la stricte application des mesures de sécurité
engendre des difficultés de fonctionnement pour l'enseignement
et la recherche qui ne peuvent être acceptées que sur une
courte période. Cela suppose que le calendrier des travaux de
désamiantage soit connu et s'étale sur une courte
durée.
Malgré l'urgence de la situation, les pouvoirs publics jouent
la montre devant le coût des travaux. Quant aux universités,
elles temporisent : les consignes de sécurité sont
systématiquement diffusées avec six mois de retard, la
mise en place du service central chargé de gérer le
problème de l'amiante sur le campus, décidée
depuis plusieurs mois, n'est toujours pas effective etc.
Face à cette inertie généralisée il nous
faut maintenant mettre chacun devant ses responsabilités.
DES ENGAGEMENTS PRÉCIS DOIVENT ÊTRE PRIS PAR LE MINISTÈRE :
- financement des travaux de retrait complet de l'amiante (ainsi que la mise en conformité électrique et incendie) selon un calendrier précis établi en concertation avec les personnels et ayant reçu leur approbation.
- affectation aux établissements du campus de crédits de paiement correspondant à une première tranche de travaux et la mise à disposition des locaux indispensables au démarrage des opérations.
- affectation aux établissements du campus de crédits de paiement pour la réalisation immédiate de tous les travaux d'urgence préconisés dans le rapport.
UN ULTIMATUM AUX RESPONSABLES
En l'absence d'engagement écrit du Ministère d'ici le 2
avril 1996, nous avons demandé aux présidents des deux
universités et au directeur de l'IPGP, de ne pas engager plus
longtemps leur responsabilité et de faire procéder
à la fermeture de tous les locaux floqués à
l'amiante du campus Jussieu, pour raison de
sécurité, jusqu'à l'obtention des engagements
écrits que nous attendons du Ministère.
La situation a déjà beaucoup changé grâce
à l'action menée depuis un an et demi, tant à
Jussieu, qu'au plan national, mais les responsables n'agissent
malheureusement que contraints et forcés. C'est pourquoi, nous
avons demandé aux présidents des universités et
au directeur de l'IPGP, qui sont responsables de notre
sécurité de mettre en demeure leurs autorités de
tutelle. Faute de décisions du ministère, ils seraient
dans l'obligation de fermer les locaux amiantés. C'est le seul
moyen de débloquer la situation.
Notre volonté n'est bien évidemment pas de faire fermer
définitivement l'université, mais de mettre les
responsables en face de leurs responsabilités. Qu'ils cessent
enfin de tergiverser au mépris de notre santé !
Pour discuter des actions à entreprendre d'ici le 2 avril, nous vous appelons à une