Comité Anti-Amiante Jussieu: Communiqué de presse du ministère de l'éducation nationale (04/12/98)

Réunion de ministres sur la remise en sécurité de Jussieu

Communiqué de presse du 4 décembre 1998.

Une réunion des ministres sur le désamiantage et la remise en sécurité de Jussieu a eu lieu le 1er décembre 1998.

Les décisions prises lors de cette réunion :

  • - permettent la poursuite du programme engagé du désamiantage et de remise en sécurité : une première barre est en désamiantage depuis le 1er septembre. Trois autres barres entreront en chantier au printemps prochain. Il est prévu de mettre ensuite en chantier quatre barres tous les six mois,
  • - précisent le montant des financements nécessaires à ces opérations. Le coût global (1996-2003) incluant les opérations déjà programmées (0,9 milliard) a été arrêté à 3,9 milliards. Les trois milliards couvrant la période 2000-2003 seront répartis en quatre tranches,
  • - mettent en place les conditions garantissant qu'il n'y aura aucune rupture dans la continuité du chantier. En particulier, l'implantation de 40 000 m2 sur la ZAC Tolbiac permettant le transfert d'activités de l'université de Paris VII a été décidée.

Une cellule interministérielle de suivi associant les ministères concernés (santé, équipement, budget) est mise en place auprès du ministère de l'Education nationale, de la recherche et de la technologie.
Parallèlement, le conseil d'administration de l'établissement public du campus de Jussieu sera élargi aux ministères de l'Equipement et de la Santé.


COMMENTAIRE

Comité Anti-Amiante Jussieu
8 décembre 1998

Voir aussi

le canard enchaîné

Le communiqué diffusé par le ministère de l'éducation, le 4 décembre 1998, montre que le gouvernement a pris conscience de la gestion calamiteuse du dossier du désamiantage de Jussieu par Claude Allègre. Il n'a plus le choix, il va lui falloir lancer le chantier à grande échelle et rapidement. La principale nouveauté de ce communiqué concerne en effet l'adjonction au ministre de l'éducation d'« une cellule interministérielle de suivi associant les ministères concernés (santé, équipement, budget) ». Cela signifie que le dossier reprend sa véritable dimension et que sa gestion (bonne ou mauvaise) implique désormais le gouvernement en entier.

Mais cette prise de conscience ne se traduit malheureusement pas encore par des décisions concrètes. De fait, les « décisions prises » lors de la réunion interministérielle du 1er décembre 1998 -- au moins dans la présentation qu'en donne le ministère de l'éducation dans son communiqué -- ne sont que des " déclarations d'intention ", qu'il s'agisse du financement ou des moyens en locaux.

Le calendrier des travaux de l'établissement public (4 barres tous les 6 mois, désamiantage en 5 ans) est confirmé, mais avec un nouveau décalage dans le temps.

Concernant le financement des travaux, la formulation est particulièrement floue : les « décisions prises [...] précisent le montant des financements nécessaires ». Le coût est lui fixé à 3,9 milliards, sans qu'il soit précisé ce que cela inclut. Précisons que le montant total des travaux (désamiantage, mise en sécurité, réhabilitation) annoncé par l'EPCJ (lors de la séance du CNESER du 19 octobre 1998) était de 2,41 milliards, dont la moitié seulement concerne le désamiantage et la mise en sécurité incendie.

Par ailleurs, on nous assure « qu'il n'y aura aucune rupture dans la continuité du chantier » en arguant du seul fait que « l'implantation de 40 000 m2 sur la ZAC Tolbiac permettant le transfert d'activités de l'université de Paris VII a été décidée ». Il s'agit là d'une tromperie, car les constructions sur la ZAC ne pourront voir le jour avant 5 ans, à une époque où le désamiantage est censé être terminé. Une nouvelle fois, le problème de santé publique est détourné: on prétend financer, au titre du désamiantage de Jussieu, 40 000m2 de constructions qui ne serviront pas à cette opération. Il faut d'ailleurs remarquer qu'aucune précision n'est donnée ni sur les dates, ni sur les activités concernées, ni sur les lieux précis, ni même sur le caractère définitif ou transitoire du « transfert ». L'extrême prudence de la formulation, notamment avec l'emploi du mot « permettant », montre que rien n'est véritablement décidé.

Ce qui manque actuellement pour assurer la « continuité du chantier », ce sont des locaux provisoires (locations et préfabriqués) disponibles rapidement, pour reloger les activités de recherche et d'enseignement. L'annonce de constructions sur la ZAC Tolbiac est un rideau de fumée marquant l'absence de décisions en ce domaine. Une absence de décision qui ne pourra pas durer longtemps maintenant.