Comité Anti-Amiante Jussieu: tract (28/11/96)

RÉUSSIR LE DÉSAMIANTAGE

Comité Anti-Amiante Jussieu
28 novembre 1996

Le campus Jussieu est désormais sur le chemin du désamiantage. La solution retenue par le Ministère de l'Éducation est celle que nous préconisions : désamiantage par tranches, en utilisant des locaux provisoires, sans évacuation complète du campus. Les moyens proposés sont à la hauteur des objectifs.

Il nous faut maintenant réussir le désamiantage. Cela suppose la coopération de tous : personnels, étudiants et administration des universités. Les universités doivent s'engager résolument et sans arrière-pensées dans cette opération. Il en va de la santé des occupants mais aussi -- il ne faut pas l'oublier -- de la solution du problème de santé publique posé par l'amiante en France. Le chantier de Jussieu sera observé, et la manière dont il se fera aura une influence considérable sur le désamiantage de l'ensemble des bâtiments en France. Nous avons à cet égard des responsabilités : Jussieu doit être un chantier exemplaire.

Le désamiantage perturbera assurément les activités, mais les enjeux valent bien ces perturbations. Les travaux prévus constituent une rénovation complète du campus : désamiantage, mise en sécurité incendie, remplacement de l'ensemble des installations électriques, etc. Ils devraient raisonnablement conduire à terminer la construction du campus et à une amélioration sensible des conditions de travail et d'étude.

Le plan de désamiantage.

Le plan de désamiantage de Jussieu annoncé par François Bayrou comporte :

Ce plan fait l'objet d'un contrat triennal entre le Ministère de l'Éducation d'une part et les Établissement situés sur le campus (Paris 6, Paris 7 et IPGP), qui devrait être signé dans les jours qui viennent. Il doit permettre à la fois de désamianter rapidement le campus et de maintenir les activités d'enseignement et de recherche. L'État assurera directement la maîtrise des travaux de désamiantage. Un Établissement Public sera créé spécialement à cet effet.

Où en est-on ?

En préalable au chantier de désamiantage proprement dit, deux tâches essentielles doivent être accomplies : celles du «programmiste» et du «maître d'oeuvre». Le programmiste doit programmer les déménagements provisoires en tenant compte des contraintes techniques des travaux, des contraintes des services et des locaux temporaires disponibles. Le maître d'oeuvre conçoit, organise et assure le suivi des travaux ; c'est lui qui établit le cahier des charges pour les travaux de déflocage.
Le programmiste est déjà choisi : il s'agit de la société APOR. Cinq candidats pour la maîtrise d'oeuvre ont été retenus, qui devront remettre une offre précise. Le choix définitif aura lieu le 11 décembre. Le maître d'oeuvre choisi devra d'une part établir le scénario général de l'opération, et d'autre part assurer la maîtrise d'oeuvre complète d'une première tranche de 8 barres (le désamiantage des 4 premières barres devant débuter au deuxième trimestre 1997).
En ce qui concerne les locaux provisoires, les choses avancent aussi. Un appel d'offre pour 4000m2 de préfabriqués sur le campus est en cours sous la responsabilité de Paris 7. Un appel d'offre pour 6000m2 supplémentaires devrait être lancé sous peu sous la responsabilité de Paris 6.

L'organisation des travaux.

D'un point de vue technique, il serait possible de désamianter le campus en procédant par petites unités d'un seul étage. Mais pour tenir compte des contraintes du chantier, il faudra procéder par «barres» entières (i.e. les 5 étages) et même par ensembles de barres contiguës. En effet pour réaliser le chantier sur 2 ans et demi, il faudra immobiliser de l'ordre de 8 barres simultanément. Si elles étaient dispersées, cela ferait autant de chantiers distincts et il ne serait plus possible de maintenir des activités normales sur le campus. Le plus pratique serait d'avoir à chaque fois un seul chantier, isolé du reste du campus et possédant une sortie sur l'extérieur, ce qui est possible.
Le schéma de base est le suivant. L'immobilisation d'une barre durera de 4 à 6 mois. Les occupants de chaque barre déménagent dans des locaux provisoires, pendant la période d'immobilisation de cette barre, puis réintègrent leurs locaux. Ce schéma convient pour les travaux dirigés et les activités de recherche théorique. Les locaux provisoires ne peuvent accueillir ni les travaux pratiques «humides&raqui;, ni les activités de recherche expérimentale. Pour ces dernières des solutions au coup par coup peuvent être trouvées : arrêt programmé de certaines expériences et entraide avec d'autres laboratoires sur le campus ou ailleurs.
Pour certains laboratoires (biologie et biochimie) un déménagement définitif serait préférable. Le réaliser à locaux constants engendrerait des perturbations et un gâchis considérables. Nous avions proposé, dans notre plan de désamiantage, une solution consistant à parachever le campus, les nouvelles «barres» servant dans la dernière phase du désamiantage à déménager les laboratoires qui posent des problèmes. Cette solution n'a pas été retenue dans le plan de désamiantage du Ministère, car la présidence de l'Université Paris 7 y était opposée, préférant miser sur une éventuelle délocalisation.

Défloquer en toute sécurité.

Le désamiantage -- ou plus précisément le déflocage -- est la seule solution durable au problème posé par l'amiante à Jussieu. Il constitue en outre un préalable à une remise aux normes du campus en matière d'électricité et de sécurité incendie, qui rappelons-le est aussi absolument nécessaire.
Le déflocage n'est pas une opération banale de rénovation de bâtiment, mais une opération de sécurité. La zone de travaux est entièrement confinée et mise en dépression, pour éviter que des fibres d'amiante s'échappent dans l'environnement. Les ouvriers travaillent en combinaisons étanches et masques avec assistance respiratoire, pour assurer leur propre protection. Le déflocage est une opération maintenant bien maîtrisée : des milliers de bâtiments ont été défloqués ces dernières années en Europe. Contrairement aux allégations de ceux qui veulent profiter de cette opération pour faire évacuer le campus, on sait parfaitement désamianter les bâtiments sans engendrer de pollution dans l'environnement immédiat (et a fortiori dans le quartier).
À l'opposé de celui du Berlaymont, souvent cité en référence, le déflocage de Jussieu ne pose pas de problème technique. Les flocages d'amiante se trouvent uniquement sur des structures métalliques directement accessibles et facilement décontaminables : il suffit de retirer les faux-plafonds et les placards métalliques des couloirs pour avoir accès à la totalité des flocages. En outre la structure modulaire (par «barres») facilite grandement l'organisation du chantier. On peut isoler et défloquer un ensemble de «barres» sans risque de contamination pour le reste du campus. Ceci permet d'effectuer le déflocage par tranches sans fermer le campus.

Désamiantage ou délocalisation.

Le Comité Anti-Amiante a choisi de ne pas s'exprimer pendant la «consultation» organisée par la présidence de Paris 7 sur son projet de délocalisation. Nous tenions en effet à ce que ce projet, par nature conflictuel, reste séparé de la question du désamiantage, qui doit rester consensuelle.
Ce n'est malheureusement pas ce qui s'est produit. Cette consultation a été utilisée par les promoteurs du projet de délocalisation pour remettre en cause le plan de désamiantage proposé par le Ministère, à l'aide d'arguments fallacieux : on ne saurait pas désamianter Jussieu, le désamiantage serait extrêmement dangereux, les locaux provisoires ne seraient pas utilisables, etc. Certains souhaitent manifestement créer la panique pour rendre toute solution raisonnable impossible, les gens n'ayant plus le choix qu'entre rester avec l'amiante ou vider les lieux définitivement.
Les bonnes causes n'ont pas besoin de mauvais arguments. Si la délocalisation de Paris 7 se justifie, ce n'est certainement pas du point de vue du désamiantage, car les calendriers des deux opérations sont incompatibles. Quelles que soient les manoeuvres, nous ne reviendrons pas en arrière : le désamiantage se fera dans les délais prévus et en utilisant des locaux provisoires. Il est hors de question de faire dépendre le désamiantage d'une hypothétique construction d'université sur la ZAC ou ailleurs.

L'intersyndicale P6-P7 et le CAAJ appellent à une

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE D'INFORMATION :

le DÉSAMIANTAGE

Jeudi 28 Novembre 1996,
Amphi 32, 12h15